Coupe d’Europe des clubs juniors – Castellón

LES ATHLÈTES DE LA COA ONT PARTICIPÉ POUR LA CINQUIÈME FOIS À LA COUPE D’EUROPE DES CLUBS CHAMPIONS JUNIORS

Grâce à leur magnifique titre suisse remporté l’an dernier à Zurich, les juniors de la CoA Lausanne-Riviera ont pu participer cette année – ceci pour la cinquième fois de l’histoire de la CoA Lausanne-Riviera – à la Coupe d’Europe des Clubs Champions (ECCC). Notre première participation date de 2004 avec les garçons qui avaient concouru à Gateshead (Angleterre) dans le groupe B. Trois ans plus tard à Tampere (Finlande), ce fut ensuite le tour des filles de décrocher une très belle deuxième place dans le groupe C. Plus près de nous, les garçons étaient à nouveau en lice, en 2011 à Tusla (Bosnie-Herzégovine) et en 2013 à Leiria (Portugal), les deux fois dans le groupe B. Enfin en 2016 à Castellón de la Plana (Espagne), notre équipe U20 M goûtait pour la première fois au top niveau européen puisqu’elle était engagée cette fois-ci dans le groupe A. Autant le dire tout de suite, on s’est retrouvé sur le stade Gactà Huguet comme si on avait débarqué sur une autre planète, tellement la concurrence était forte. Cette opposition de très haute qualité nous avait clairement fait comprendre qu’on était promis à la dernière place. Pourtant nos athlètes ne se sont jamais laissés aller, bien au contraire. Ils n’ont rien lâché, allant jusqu’au bout de leurs efforts, même si parfois la situation pouvait être entendue depuis longtemps. Alors oui dès le début on s’est souvent perdu sur cette planète inconnue, mais heureusement quatre de nos éclaireurs (Frédéric Matthys, Steve Meystre, Loan Jaquemettaz et Valentin Luc) ont trouvé des voies sécurisées qui nous ont permis d’aller tous ensemble plus facilement en direction de là où voulait arriver.

La compétition s’est déroulée en deux étapes. Le matin, Esteban Zippo était le premier à entrer dans l’arène pour le lancer du marteau, une discipline qu’il ne connaissait pas il y a encore un mois ! Les encouragements fusaient depuis la tribune principale, mais malgré cela les deux premiers essais ne sont jamais sortis de la cage. La troisième tentative fut finalement la seule à partir dans l’axe, proche des trente mètres avec un encourageant 29,44 m. Esteban n’a pas eu le temps de souffler car il a dû immédiatement traverser le terrain pour participer au lancer du poids. Son concours est allé crescendo avec ses deux dernières tentatives mesurées à 10,87 m. et 10,98 m. Les deux performances de Zippo n’ont certes totalisé que deux points, mais il n’y aurait eu qu’un seul point il y a un mois en arrière, donc l’affaire est somme toute positive. Bravo en tout cas à ce jeune athlète d’avoir assimilé en si peu de temps les rudiments techniques d’une des disciplines les plus complexes de l’athlétisme. Ce genre de situation a aussi concerné Aurélien Quenet. Le 400 m. haies, il ne l’avait jamais couru auparavant et ce n’est qu’en quelques entraînements qu’il s’est adapté aux exigences de cette discipline. Il a terminé au septième rang en 1’04″19 et il rapporte à son équipe deux points bienvenus. Pour conclure la matinée, nous avons eu droit aux 100 m., d’abord « non-scoring » avec Marcio Sousa Prado qui a couru en 11″75 et Robin Keller qui renouait avec la compétition (trois ans off) en 12″43. Pour le 100 m. officiel, Joël Ngimbi Mabiala a fait de son mieux, avec ses douleurs au psoas qui le font souffrir depuis quelques temps. Le vent contraire de -1,6 m/s ne l’a pas aidé non plus pour sortir une performance dont il est souvent capable. Il a terminé huitième en 11″66. La première partie s’est donc achevée sur les coups de midi. On était bien sûr largué au classement avec cinq petits points au compteur. Comme souvent aux CSI, nous savons que nos points forts viendront à partir du milieu de la compétition. C’est l’esprit finalement serein que nous avons regagné l’hôtel pour une pause de deux heures et demie.

Le retour dans le stade a montré un clan suisse toujours aussi soudé. Les encouragements mutuels avec les filles du LAS Old Boys Basel à nos côtés étaient remarquables et très audibles avec notre cloche trois fois plus grosse que celle des Rhénans. Il faut dire que les Bâloises tentaient elles aussi de surnager, malgré quelques atouts majeurs en la personne de Salomé Lang ou de Pascale Stöcklin. C’est avec le lancer du javelot que la partie principale de cette coupe d’Europe a débuté pour nous. Le public était enfin de la partie et l’ambiance était chaude venant de tous les coins de la tribune. Livio Cepleanu a entamé son concours avec un satisfaisant 46,26 m., qu’il a tout de suite pu améliorer lors de son deuxième essai, mesuré à 48,11 m., ce qui lui a permis d’améliorer son record personnel de quarante-quatre centièmes. Au même moment sur la piste, Steve Meystre entrait une première fois en lice pour le 110 m. haies, en remplacement d’Aweys Haji Fowsi, blessé à l’ischio la semaine précédente. Le vent soufflait toujours de manière négative, mais cela n’a pas empêché Steve de réaliser une course très propre en 15″01. Lui aussi est parvenu à améliorer son record personnel qui était de 15″08. Une série de courses était ensuite au programme, mais avec peu de chance de réaliser des gros points. Sur 800 m., Aymeric Lachaux a bien tenté de distancer son adversaire direct, mais il a dû s’incliner sur la fin et il termine huitième en 2’01″31. Karim Lang a connu le même genre de course sur 400 m. A la lutte dans tout le deuxième virage, il n’a cédé que dans les derniers mètres pour terminer lui aussi huitième en 52″14. Le 1500 m. a connu un départ relativement lent, ce qui a permis à Geoffroy Brändlin de tenir le choc. Cependant le tempo de la course a pris l’ascenseur aux 1000 m. et le peloton a explosé. Geoffroy a terminé huitième en 4’37″41. Dans les courses de 3000 m., le bilan comptable a été meilleur puisque deux septièmes places ont récompensé Loïc Lanthemann et Thibault Niederhauser. Ce dernier a été catapulté représentant de la CoA Lausanne-Riviera au 3000 m. steeple… bien malgré lui. Il a fait preuve de courage et d’abnégation tout au long de son parcours semé d’obstacles. S’il a failli boire la tasse à son avant-dernier passage de la fosse, il a bien assuré tous les autres franchissements de haies avec une étonnante dextérité. Il terminé trempé, mais brillant septième en 11’10″02. Loïc Lanthemann a joué au chat et à la souris avec son adversaire estonien, même si cette party a eu une incidence sur la qualité du chrono. Il a fini par le distancer facilement et ça tombait bien car ce sont justement les athlètes baltes qu’il fallait systématiquement battre si on voulait gagner une place au classement. Loïc a finalement terminé son 3000 m. en 10’15″94. En fin d’après-midi, il ne restait plus que huit épreuves à disputer et nous étions toujours huitièmes et derniers avec douze points de déficit sur Audentes Sports Club. L’objectif de prendre la mesure du club de Tallinn a soudain galvanisé nos athlètes et comme nous nous apprêtions à abattre nos plus gros atouts, on s’est mis à y croire grave. Sur 200 m., Valentin Luc a parfaitement répondu aux attentes en terminant quatrième en 22″14. Il a battu son record personnel pour la quatrième fois cette saison, ce qui lui a permis de gagner pas moins de quarante-cinq centièmes. A ce moment-là, mis à part les deux relais, toutes les courses s’étaient déroulées. Parmi les disciplines techniques encore à disputer, nous savions que deux ne nous seraient pas favorables (le triple et le disque), mais heureusement Christian Toussaint avec 12,87 m. et Loan Jacquemettaz avec 30,40 m. n’ont perdu que trois points sur nos adversaires directs. Avec les trois dernières épreuves de sauts et quatorze points de retard, l’assaut final était donné. Loan Jacquemettaz a mené son concours de saut en hauteur d’une manière incroyable, avec un sans-faute jusqu’ à 1,90 m. Son premier échec à 1,95 m. a été rectifié lors du deuxième essai, ce qui le laissait toujours en bonne position. Avec la barre suivante placée à 1,98 m., il devait désormais s’attaquer à son record personnel et c’est sans problème qu’il l’effaça au premier essai. En état de grâce, Loan n’a ensuite pas été ridicule à 2,01 m. lors de ses deux premières tentatives. Son entraîneur Damien Giroud, qui y croyait dur comme fer, lui a donné encore quelques consignes pour que son troisième essai soit le bon. Et c’est ce qui s’est passé car Loan, au prix d’une belle détente et d’un flop maîtrisé à merveille, a franchi cette hauteur ! Il devient le sixième Stadiste à franchir une barre à deux mètres et plus; au-delà des statistiques, il a surtout marqué les six points de la troisième place et repris cinq points aux Estoniens. Du côté du saut en longueur, Steve Meystre avait fort à faire lui aussi. Après un premier essai moyen à 6,60 m., il a passé la vitesse supérieure avec 6,99 m. au deuxième essai et 6,95 m. au troisième. Motivé comme jamais, Steve a tout donné pour son ultime tentative. Son envol a été magnifique et son ramené fut du même acabit. Dans les tribunes, on avait bien vu qu’un exploit s’était produit, mais le résultat tardait à venir. Finalement le panneau lumineux lâchait le verdict : 7,12 m., record personnel battu de quatre centimètres et une méritoire troisième place à la clé. Le bon travail de Meystre nous a fait gagner trois nouveaux points dans notre lutte épique afin de quitter la dernière place de cette compétition. Nous ne sommes plus qu’à six points des Estoniens et pour grappiller ce qui nous manque, il fallait absolument que Frédéric Matthys nous sorte une perf au saut à la perche. Sans être vraiment inquiets, nous avions cependant noté que Fred n’arrivait pas à plier sa perche correctement lors de ses sauts d’essai. Il faut dire qu’il n’utilisait aucune de ses gaules habituelles, celles-ci ayant dû être laissées à Lausanne ! En effet, l’avion de la compagnie aérienne avec laquelle nous avons voyagé en Espagne n’avait pas de soute à bagage assez longue pour les transporter… Heureusement les Bâlois ont pu glisser au dernier moment dans leur fourre une perche 460 / 80 de leur stock de matériel. Un grand merci à eux pour cette belle solidarité helvétique ! Pour le coup, on a dû crier trois fois à tue-tête « FCB », ce qui a tout de même été très difficile à exécuter. C’est donc avec ce seul engin dans ses mains que notre perchiste a dû assurer le coup. Mais il s’est adapté comme un vieux briscard et son premier saut à 4,40 m. nous a pleinement rassurés. Il a franchi ensuite 4,60 m. et 4,80 m., à chaque fois au premier essai, ce qui lui a permis de voir venir ses adversaires. Même si ça ne voulait plus passer à 4,90 m., Frédéric Matthys avait assuré l’essentiel avec une fort brillante victoire et huit points dans notre escarcelle qui nous permettaient pour la première fois dans cette compétition de céder la lanterne rouge. Oh, pas de beaucoup puisque le maigre avantage d’un point allait vaciller dans la foulée, suite au 4 x 100 m. Notre équipe de sprinters composée de Christian Toussaint, Joël Ngimbi Mabiala, Marcio Sousa Prado et Valentin Luc a fait du mieux qu’elle put avec une sixième place en 43″70, mais derrière les athlètes de Tallinn qui eux s’étaient classés quatrièmes. Ainsi avant la dernière épreuve, le 4 x 400 m., les données du problème étaient des plus claires : avec un point de retard, il nous suffisait de rester devant les maillots rouges d’Audentes Sports Club pour qu’on termine à égalité de points, mais devant eux tout de même grâce à la victoire de Matthys à la perche. Le déroulement de ce dernier relais fut digne d’un film d’Alfred Hitchcock, le maître du suspense. Car évidemment les deux équipes se battant en queue de peloton n’étaient autres que Tallinn et nous. Karim Lang, pour son deuxième 400 m. de la journée, a lancé la course et il a transmis le témoin à Aurélien Quenet en septième position. Lui aussi en était à sa deuxième course de la journée et il se sentait fatigué. Heureusement l’enjeu a décuplé ses forces et il a tenu sa place, malgré le retour tonitruant de son adversaire venant de l’Est. Simon Ferarri, frais et en jambe, a réalisé un tour de piste magnifique, laissant une marge confortable à Aymeric Lachaux pour qu’il termine l’affaire dans la sérénité la plus totale. Notre Français avait soudain oublié qu’il avait couru un 800 m. au taquet quelques heures plus tôt et il a assuré un relais efficace qui lui a permis de franchir la ligne en septième position en 3’34″46, avec deux secondes d’avance sur les Estoniens. Ce sera même une sixième place suite à la disqualification des Turcs de Fenerbahçe. Cruel dénouement pour eux car ils avaient remportés une très belle victoire dans ce relais. On avait vu « DQ » sur le panneau d’affichage à côté du drapeau turc, mais les Stambouliotes continuaient de fêter de plus belle cette victoire. Ça chantait comme au stade Şükrü Saracoğlu d’Istanbul, ce qui n’est pas peu dire. Mais tout d’un coup un doigt s’est pointé en direction des résultats et on ne les a plus entendus. Du coup le brouhaha s’était déplacé sur la droite des tribunes, où les anglais de Shaftesbury Barnet Harriers étaient en train d’exulter pour leur victoire finale. De notre côté, nous étions très satisfaits de notre fantastique remontée qui nous a permis de terminer au septième rang de cette coupe d’Europe des clubs juniors. Chaque équipe était euphorique dans le stade, y compris celles qui étaient reléguées dans le groupe B (LAS Old Boys Basel et les Hollandaises de Leiden Atletiek chez les filles, Audentes Sports Club et nous chez les garçons). Il aura manqué finalement onze points pour nous sauver face aux Lithuaniens de Klaipeda. Il n’y a donc aucun regret pour notre équipe de juniors, qui s’est bien battue tout au long de cette journée absolument mémorable.

En effet ce classement final n’aurait pas été possible sans la remarquable attitude de nos athlètes, ce qui a laissé le staff des quatre responsables de l’équipe (Hans-Peter Guilbert, Oliver Nahon, Damien Giroud et Pierre-André Bettex) particulièrement fiers car ils ont vu en ce 17 septembre 2016 une CoA Lausanne-Riviera soudée comme rarement elle ne l’avait été par le passé. En se remémorant par exemple la finale suisse de cette année à Düdingen, le contraste est saisissant, voire mortifiant. Nos athlètes auraient-ils donc enfin compris que ce qu’on prépare pour eux au sein du comité de la CoA Lausanne-Riviera, c’est tout simplement unique et qu’ils ne pourraient jamais vivre de tels moments avec leur seul club respectif ? On espère vivement que cette génération puisse poursuivre dans cette voie amorcée en Espagne, afin que le travail fourni en amont ne soit pas vain et qu’il serve surtout d’exemple pour les saisons à venir. A commencer par la finale CSI U20 le 17 juin 2017 qui, en cas de succès, permettrait à nos athlètes nés en 1999, 2000, 2001 et 2002 de vivre en 2018 une nouvelle expérience européenne.

Article écrit par Pierre-André Bettex, du Lausanne-Sports, merci mille fois à lui.

Résultats complets de la COA Lausanne-Riviera

U20M :

 

100m :

8ème J. Ngimbi Mabiala 11″66 (-1,6)

200m :

4ème V. Luc 22″14 (+0,7)

400m :

8ème K. Lang 52″14

800m :

8ème A. Lachaux 2’01″31

1500m :

8ème G. Brändlin 4’37″41

3000m :

7ème L. Lanthemann 10’15″94

110m haies :

4ème S. Meystre 15″01 (-1,4)

400m haies :

7ème A. Quenet 1’04″19

3000m steeple :

7ème T. Niederhauser 11’10″02

Hauteur :

3ème L. Jacquemettaz 2,01m

Perche :

1er F. Matthys 4,80m

Longueur :

3ème S. Meystre 7,12m (+0,6)

Triple :

7ème C. Toussaint 12,87m (+1,7)

Poids :

8ème E. Zippo 10,98m

Disque :

8ème L. Jacquemettaz 30,40m

Marteau :

8ème E. Zippo 29,44m

Javelot :

7ème L. Cepleanu 48,11m

4x100m :

6ème C. Toussaint / J. Ngimbi Mabiala / M. Sousa Prado / V. Luc 43″70

4x400m :

6ème K. Lang / A. Quenet / S. Ferrari / A. Lachaux 3’34″46

Classement :

1. Shaftesbury Barnet Harriers (GBR) 123 pts
2. Fenerbahçe Spor Kulubu (TUR) 116 pts
3. Playas de Castellón (ESP) 93 pts
4. Sport Lisboa e Benfica (POR) 93 pts
5. Atletica Vicentina Club (ITA) 86 pts
6. Nike Klaipeda (LTU) 64 pts
7. CoA Lausanne-Riviera (SUI) 53 pts
8. Audentes Sports Club (EST) 53 pts

100m B :

M. Sousa Prado 11″75 (-0,1)
R. Keller 12″43 (-0,1)

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